Quelques semaines avant le lancement des JO de Paris, la migration du système d’information du SAMU vers un cloud de confiance a permis de garantir une résilience accrue pour un service essentiel à la santé publique. Ce projet, piloté par l’Agence du numérique en santé (ANS) et confié à Thales Services Numériques pour l’intégration et Cloud Temple pour l’hébergement, est un exemple emblématique de modernisation d’infrastructures critiques de l’Etat. Retour sur cette expérience réussie à travers les témoignages de Laurent Joubert, directeur des opérations de l’ANS, et Nicolas Duffour, directeur du développement stratégique de Cloud Temple.
Opéré par l’ANS, le SI du SAMU est un système d’information ultra-critique qui gère les appels d’urgence du “15” à travers le territoire français. Avec environ 100 SAMU départementaux, l’objectif principal du projet lancé en 2016 était de proposer un service national résilient et de permettre l’entraide entre les SAMU, notamment pour les plus fragiles d’entre eux. En 2022, un arbitrage a été pris pour réorienter le programme vers une stratégie de plateforme ouverte, permettant une meilleure intégration avec les éditeurs de logiciels de régulation médicale.
Pourquoi le cloud de confiance ?
Il est important de noter que la conformité au référentiel SecNumCloud n’était pas une exigence initiale de l’ANS. « Après une analyse approfondie des besoins spécifiques du SI SAMU, plusieurs critères essentiels ont été identifiés, précise Laurent Joubert. Nous avions pour priorité la disponibilité des services au niveau de criticité attendu, la compatibilité avec des technologies spécifiques comme Oracle et Genesis, et des exigences fortes de latence réseau. Toutefois, nous avions choisi à l’époque de ne pas restreindre le choix aux fournisseurs qualifiés SecNumCloud.»
En apportant des garanties supplémentaires de sécurité technique, organisationnelle et d’immunité aux lois extra-territoriales, essentielles pour la gestion des données de santé, la conformité au référentiel SecNumCloud a beaucoup joué en faveur de Cloud Temple lors de l’évaluation des offres. Laurent Joubert explique : « De fait, Cloud Temple était le seul fournisseur de cloud à pouvoir répondre à nos exigences techniques et de sécurité, tout en apportant une solution industrialisée offrant un haut niveau de flexibilité et de personnalisation. »
Les défis de la migration
La migration s’est déroulée dans la nuit du 22 au 23 avril 2024, impliquant un big bang où dix premiers SAMU ont été migrés simultanément. Cette opération délicate a nécessité une préparation minutieuse, incluant des tests de performance, des bascules à blanc, et même une surveillance fine de la météo. « Quand on parle du SAMU, dégrader le service rendu au public n’est pas envisageable, rappelle Laurent Joubert. Un appel au “15” doit pouvoir aboutir, la disponibilité ne doit pas être remise en cause par les opérations sur le SI. » La collaboration approfondie entre les équipes de l’ANS, de Cloud Temple, de Thales Services Numériques, et les SAMU a été essentielle pour assurer le succès de cette migration.
« La réussite de ce projet repose sur l’engagement collectif de tous les acteurs, souligne Nicolas Duffour. Nous avons vécu une véritable gestion de crise, avec des fenêtres de tir et des plans de back-up, pour garantir que la migration se déroule sans interruption du service. »
Poursuivre la modernisation
L’adoption du cloud de confiance ouvre la voie à de nombreuses perspectives pour le SI du SAMU. Au fil de la migration des autres SAMU régionaux sur l’infrastructure Cloud Temple, l’ANS prévoit de renforcer la résilience du système, d’intégrer de nouveaux modules et d’explorer les possibilités offertes par l’intelligence artificielle pour améliorer la coordination des soins. Laurent Joubert précise : « Nous voulons être le plus transparent possible et permettre aux éditeurs de se brancher facilement sur notre plateforme. Cela passe par le partage de code et l’ouverture d’API. »
En parallèle, Cloud Temple continue de renforcer son offre de services pour accompagner la transformation numérique de ses clients. Nicolas Duffour annonce : « Nous allons ouvrir mi-juin le PaaS OpenShift, qui permettra de développer des services cloud natifs, et le stockage objet S3, qualifiés SecNumCloud. Ces nouvelles briques fonctionnelles offriront à nos clients la flexibilité et la performance nécessaires pour accélérer leur transformation. ».
Les citations de Laurent Joubert et Nicolas Duffour sont tirées de la table ronde du 21 mai 2024 à SantExpo.