La Finlande a le plus fort taux d’utilisation des services cloud dans l’union européenne en 2014 selon Eurostat (51% contre une moyenne de 19% et … 12% seulement pour la France !). Quand on regarde le profil de la Finlande dans le nouvel indice relatif à l’économie et à la société numériques (Digital Economy and Society Index) élaboré par la Commission européenne et publié en février 2015, force est de constater qu’il y a une corrélation évidente avec la digitalisation des services publics (autrement dit, la transformation numérique effective des administrations). On peut donc supposer que l’Etat a déjà donné massivement l’exemple de l’usage du Cloud en Finlande. Mais il n’y a pas que cela. En plus d’avoir un territoire et un climat propice à l’exploitation énergétique et au refroidissement des salles de serveur éco-efficace, le pays bénéficie des tarifs de l’électricité parmi les moins chers d’Europe.
Si cela attire beaucoup d’investisseurs étrangers qui viennent y construire leurs centres de données, l’état finlandais opère également des cloud de services publics ! Ainsi CSC (organisation finlandaise administrée par le Ministère de l’Education et de la Science) est un organisme à but non lucratif, dont le rôle est de fournir des ressources IT (puissance de calcul et stockage) et de l’assistance aux Instituts de recherche, académies et entreprises du pays. Un cloud opéré par l’Etat pour fournir un service public, en d’autres termes, ce que d’aucuns auraient bien voulu voir sortir du cloud « souverain à la française ».
Surtout, il y a également le programme « Cloud Software », lancé en 2010 par le cluster finlandais Tivit (renommé depuis Digile, un des centres stratégiques de la Finlande pour la science, la technologie et l’innovation). Si on va sur le site de Digile, la définition de la mission du cluster est claire, et montre combien la Finlande a déjà compris l’importance de rassembler les acteurs pour réussir l’entreprise numérique et combien il s’agissait d’un enjeu national. En voici un extrait « Aujourd’hui, l’entreprise numérique est une partie essentielle de toutes sortes d’affaires ainsi que des services publics – et pas seulement les TIC. En tant qu’un des centres stratégiques de la Finlande pour la science, la technologie et l’innovation (SHOKs), le rôle de DIGILE n’est pas seulement de rassembler et de systématiser la recherche et le développement, mais aussi de s’assurer que les résultats de la recherche sont comprises, appliquées et adoptées dans le cadre des entreprises le plus rapidement possible. […] Des services toujours plus intelligents sont aussi un moyen d’accroître la productivité du travail et la société en général. DIGILE croit que la Finlande est parfaitement placée pour devenir un précurseur dans la construction et l’exploitation de services numériques, ainsi que pour transformer ces services en un produit d’exportation majeur pour le marché mondial. »
L’alliance entre la recherche et les entreprises, clé de la réussite du cloud souverain
Le programme cloud Software a rassemblé 20 entreprises et 8 instituts de recherche (dont l’organisation CSC et le centre de recherche technique VTT sous la responsabilité du ministère du travail et de l’économie) , avec un portefeuille de projets équivalent à cent millions d’euros sur quatre ans. Le tekes (Agence Finlandaise de Financement de la Technologie et de l’innovation) lui a accordé « seulement » 8Me de subventions pour la première année …
Parmi les effets on peut parler de la solution d’Ixonos « City online solution », une plateforme pour les collectivités locales en mode Saas, avec une approche open source, qui a utilisé les résultats de projets du Software programme et qui respecte un modèle d’architecture, KuntaIT, qui garantit l’interopérabilité des services actuels et futurs de la plate-forme pour les municipalités. Une solution qui a pu s’exporter dès 2010 en … Chine.
Cette coopération et coordination entre instituts de recherche et entreprises dans un but commun, la compétitivité, devrait être un modèle pour la France. Clairement, dans ce modèle, il ne s’agit pas d’attendre les directives d’un état centralisateur, ou planificateur, mais de voir l’état jouer son rôle d’acteur et partie prenante, dans l’exemplarité, certes, mais aussi dans sa capacité à participer à l’animation d’écosystèmes d’offreurs et de clients pour créer des services innovants ET qui puissent être « appliqués et adoptés dans le cadre des entreprises le plus rapidement possible »
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